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La grande bouffe d'un Cinéphage Obsessionnel et Noctambule
La grande bouffe d'un Cinéphage Obsessionnel et Noctambule
  • La nuit, lorsque vous dormez tranquillement, je me transforme en cinéphage... Et je bouffe du film pendant des heures, parfois en fin gastronome, d'autres fois en me gavant jusqu'à l'écœurement de films surgelés ou réchauffés.
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La grande bouffe d'un Cinéphage Obsessionnel et Noctambule
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27 juillet 2009

CYPHER un film de Vincenzo Natali

Cypher00TitreCypher

Recette de Vincenzo Natali.
Préparée par Jeremy Northam, Lucy Liu...

Mis en boîte aux Etats-Unis, courant 2002.
Bouffé dans la nuit du 08 au 09 juin 2009.

 Larecette

Afin de donner du sens à terne existence, Morgan Sullivan (Jeremy Northam) se fait engager par Digicorp, une étrange multinationale, comme espion industriel.
Envoyé aux quatre coins des Etats-Unis pour infiltrer des séminaires, il fait la rencontre de Rita (Lucy Liu), une mystérieuse jeune femme qui le met en garde: Digicorp le manipule et tenterait de lui laver le cerveau...

Fraicheur

Après le succès phénoménal de son Cube et avant l’échec cuisant de Nothing, Vincenzo Natali nous présentait Cypher.Cypher03
Alors que Cube jouait sur l’économie des moyens de narration (décor unique, nombre de personnages restreints...), Cypher s’inscrit à l’exact opposé.
Malgré un budget minuscule de 7 millions d'euros, ce film est un catalogue plus qu’exhaustif de décors et de personnages. Chaque nouvelle séquence apporte avec elle un nouveau décor, et le nombre de personnages qui y gravitent est tout simplement pharaonique: cinquante trois personnages parlants selon Brian King, scénariste du film (je dois avouer ne pas avoir eu la patience de vérifier ce chiffre...).
Contrairement à son premier film, Natali n’a, en effet, pas signé le scénario de Cypher. Un scénario à multiples tiroirs, qui déploie une intrigue kafkaïenne et s’amuse à perdre le spectateur pour mieux abattre ses cartes lors du dénouement. Un scénario qui aurait pu être grandiose, mais que tout un tas de petits détails viennent saboter.

Cypher06La première partie du film est pourtant prometteuse. Vincenzo Natali et Brian King nous y dépeignent un univers futuriste, qui nous semble étrangement familier.
De grandes multinationales y ont pris le pouvoir et se livrent à une guerre sans merci; aux quatre coins des Etats-Unis, les lieux qui nous sont présentés sont identiques, formatés; les gens qui y gravitent, aussi... Vincenzo Natali ironise d’ailleurs, en disant de cet univers qu’il est « notre monde dans un quart d’heure »...
Pourtant, à bien y regarder, c’est plutôt une réalité alternative qui nous est présentée: un monde Brazilien débarrassé de son côté onirique et poétique; un monde ouvertement influencé, aussi bien dans son esthétique que dans le traitement des personnages, par le cinéma classique d’espionnage.
On pense d’ailleurs à La mort aux trousses quand la machination commence à ballotter Morgan dans tous les sens. Une référence qui fera plus tard l’objet d’un rapide clin d’oeil, lorsque abandonné par un taxi, Morgan se retrouvera sur une route déserte bordée de champs.

Cypher04

Malgré ce début prometteur, le film déraille lorsque la machination s’amplifie et qu’un troisième camp entre en jeu.
Comme Morgan, on nage en pleine incompréhension; on ne sait plus qui sont ses alliés, qui sont ses ennemis... Mais, contrairement à lui, notre vie ne dépend pas de cette compréhension. Et on se lasse rapidement des retournements de situation en série, uniquement conçus pour nous mener en bateau.

Le point de non-retour se produit lorsqu’apparait l’ascenseur qui mènera Morgan au coeur de la machination. Ce n’est pas, ici, au niveau du scénario que le bât blesse, mais bel et bien au niveau de la direction artistique. L’ascenseur ressemble en effet à un étrange suppositoire géant tout droit sortit des entrailles de la terre.
Il aurait pu être une kitscherie James Bondienne à tendance seventies... Il aurait pu être un gag visuel hilarant dans un hypothétique Austin Powers 4... Ici, il nous fait complètement sortir du film, alors que notre attention avait déjà été mise à mal par un scénario trop alambiqué.

Cypher07La suite a beau compter de jolis moments, le coeur n’y est plus, et l’ultime rebondissement, censé nous arracher un « Bon sang, mais c’est bien sûr ! » nous laisse complètement indifférent.
Que penser alors de l’épilogue sur le voilier si ce n’est qu’on frôle le ridicule ?
Il faut dire que pour cette séquence, Vincenzo Natali a véritablement déconné... On s’étonnerait à peine s’il nous avouait, gêné, s’être inspiré de Sexcrimes ou autres joyeuseté érotico-loréalisante...
Paradoxalement, cette ultime séquence est, aussi bien esthétiquement que scénaristiquement, cohérente avec tout ce qui a précédé.

Cypher05

Cypher, en effet, est en permanence centré sur le personnage de Morgan. C’est donc en toute logique que le monde qui l’entoure nous est montré, non de manière réaliste, mais tel que ce personnage le perçoit. D’où un travail expressionniste sur les couleurs.
Alors qu’au début du film, Morgan tente d’échapper à son morne quotidien, le monde qui l’entoure nous est montré dans tout ce qu’il a de plus terne: les couleurs y sont désaturées, tous les matériaux utilisés pour les décors sont blancs... Un monde à la limite du traitement monochromatique.
Plus le scénario évolue, plus Morgan retrouve son identité, et plus le monde qui l’entoure devient chaleureux: les couleurs y sont de plus en plus présentes; les matériaux des décors se diversifient pour créer une atmosphère plus tamisée...
Cypher08C'est alors qu'arrive cette dernière séquence aux couleurs criardes, qui accumule les stéréotypes. C’est de là, justement, que vient le problème: en retrouvant son identité, Morgan a perdu son âme. Il n’est plus qu’un stéréotypes sur pattes: un bourgeois autosuffisant, qui porte des lunettes de soleil de luxe, fume des cigarettes de luxe, boit du scotch pur malt de luxe, sur un voilier de luxe...
Et l’on regrette amèrement de nous être attaché à ce personnage qui est, finalement, le parfait exemple de ce que l’on ne veut surtout pas être (enfin, j’espère pour vous... Sinon, il vaut mieux qu’on ne se rencontre jamais...)

 Laissesursafaim


 Quelquesmiettes

(A venir)

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Commentaires
D
Bonjour, autant j'avais aimé Cube, autant celui-ci, je ne l'ai pas apprécié: je n'ai rien compris. C'est frustrant. Bonne soirée.
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