HARVEY, un film de Henry Koster
Recette de Henry Koster
Préparée par James Stewart, Joséphine Hull, Peggy Dow..
Mis en boîte aux Etats-Unis, courant 1950.
Bouffé dans la nuit du 03 au 04 Mai 2009
Elwood P. Dowd (James Stewart) est un homme tout à fait charmant mais qui s'est pris d'amitié pour Harvey, un lapin imaginaire de 1m91 de haut (pour être précis). Sa soeur Veta Louise (Joséphine Hull) n'en peut plus de vivre avec ce frère simplet et son encombrant animal. D'autant plus qu'elle essaye de trouver le mari idéal pour sa fille, et que tout le monde fuit lorsqu' Elwood leur présente son ami Harvey.
Désespérée, elle tente de le faire interner, mais à la suite à d'un quiproquo, c'est elle qu'on finit par enfermer...
"James Stewart donne une de ses meilleures interprétations dans ce film léger, basé sur la pièce de théâtre récompensé du Prix Pullitzer." Texte de la Jaquette du DVD.
Qu'il s'agisse d'un "film léger" comme le dit ce texte, il n'y a aucun doute au vue de la première heure, où "léger" semble être un véritable euphémisme.
Mais si comme le prétend ce même texte, il s'agit ici de l'un des meilleurs rôle de James Stewart, alors je ne peux que me réjouir de n'avoir vu aucun autre de ses films.
Censé jouer un fou alcoolique, et persuadé de nous faire croire en son lapin imaginaire à l'aide de grands gestes protecteurs, de clins d'oeils systématiques... Stewart frôle la niaiserie.
La première heure devient tout simplement insupportable puisqu'il faut ajouter à son interprétation une Joséphine Hull hystérique, une Peggy Dow qui semble se demander ce qu'elle fait là et une réalisation qui frôle les bas-fonds...
Et si, finalement, le problème venait du fait que ce film n'était rien d’autre qu'une pièce de théâtre filmée... Une pièce qui a certes reçu le Prix Pullitzer, mais une bonne pièce de théâtre a rarement fait un bon film de cinéma...
Pourtant un petit miracle semble se produire au bout d'une heure de film, lorsque Elwood, qui a perdu la trace de son ami imaginaire, entame un monologue où il raconte sa vision du monde et des gens qui l'entoure.
Le personnage d'Elwood prend forme à chaque mot, et ce qui n'était jusqu'ici qu'un pantin ridicule et vide de sens, devient au fil des phrases, un homme-enfant émouvant.
La film bascule alors dans une jolie réflexion sur le besoin de folie ordinaire. Les personnages ne sont plus là pour faire rire, ils sont soudain pris d’une certaine mélancolie et ils n’en sont que plus touchants.
Et lorsque le mot « Fin » tombe, on finit même par avoir oublié la banalité de la première heure.
Veta Louise attend son frère, Elwood, dans le hall d'un hôpital psychiatrique, en compagnie d'un chauffeur de taxi. Elwood est parti se faire administrer un produit qui mettra fin à ses hallucinations.
LE CHAUFFEUR DE TAXI
Je fais ce trajet depuis 15 ans. Je les amène ici pour la piqûre et je les remmène après la piqûre. Voyez vous, ils sont comme transformés.
VETA LOUISE (pensant à son frère)
Je l'espère bien.
LE CHAUFFEUR DE TAXI
À l'aller, ils sont détendus, profitent du voyage et discutent avec moi. Parfois on s'arrête pour voir le coucher de soleil ou les oiseaux… Parfois des oiseaux qui ne sont pas là, et le soleil alors qu'il pleut.
C'est merveilleux et ils me donnent beaucoup de pourboire.
Mais au retour, oh, oh...
VETA LOUISE
Oh, Oh?
Que voulez vous dire par oh, oh?
LE CHAUFFEUR DE TAXI
Ils ne font que râler. Ils me crient après: "Le feu rouge, freinez!", "Attention, le carrefour!", et me disent de me dépêcher. Ils n'ont plus confiance. Et pourtant, c'est toujours le même taxi, le même chauffeur, et le même trajet...